Une équipe de choc pour un spectacle vivant
Que pensez-vous si je dis Las Vegas ?
Laura Frassetto
Cette ville située dans le désert du Nevada évoque quelque chose à chacun. Excès, aberrations écologiques, Céline Dion, palmiers, jeux d’argent, Elvis: une multitude de personnages variés dont l’originalité a séduit Céline Rey et Noam Perakis, les moudonnois qui dirigent le Café-théâtre Barnabé à Servion depuis 2018 et qui charmera les spectateurs de Viva Vegas, la nouvelle comédie musicale qu’ils ont conçue et produite, à partir du vendredi 17 novembre.
“La compagnie Broadway est une compagnie moudonnoise”, nous dit Céline Rey quelques minutes avant la répétition du dimanche après-midi ouverte aux Ami.e.s du Théâtre Barnabé. “Nous fêtons cette année ses vingt ans d’existence. A l’origine, la compagnie a été fondée par Ursula Perakis, la mère de Noam, et puis nous avons repris le flambeau pour en faire une compagnie professionnelle. Il y a des comédiens sur scène dont le moudonnois Fabrice Pasche qui Elvis lui-même, par exemple, ainsi que Noam et moi – qui font partie de la compagnie Broadway depuis le début. La compagnie d’origine est un noyau qui a donné naissance à tout ce qui a suivi, à cet engouement pour la comédie musicale en Suisse romande”.
Céline Rey évoque l’école de comédie musicale d’Ursula Perakis Roehrich à Moudon: “C’est une école qui permet la formation pré-professionnelle d’artistes de comédie musicale; certains après l’école de Moudon vont se spécialiser à Londres ou à Paris et reviennent ensuite chez nous. Nous travaillons souvent avec les mêmes personnes d’une année à l’autre. Les personnes qui travaillent au bureau ici sont également sur scène. Je m’occupe aussi de la direction vocale tandis que Noam s’occupe de la mise en scène.
Notre administrateur Sébastien Chave est aussi le directeur musical et batteur de l’orchestre tandis que Gilles Meystre de la billetterie est à la technique. La moudonnoise Loren Munoz travaille quant à elle à la production du spectacle”.
Faisant un clin d’œil au public, le directeur du théâtre révèle : “On vous a menti ! Hollywood, la production des deux ans passés, n’était pas une vraie comédie musicale. Le premier spectacle, né au milieu du Covid, étais un show composé des différents tableaux, pour pouvoir remplacer facilement ceux qui étaient malades ou qui étaient cas contact. Nous avons fait salle comble tous les soirs”.
Mais cette fois ils ont créé une comédie musicale à part entière, avec une intrigue originale et une bande sonore hybride, comprenant des chansons originales de Presley et Dion et d’autres adaptées de comédies musicales moins connues.
“Nous allons vous raconter une histoire complètement nouvelle, qui part d’un délire personnel. Noam l’a écrite et j’ai composé les paroles des chansons”, dit Céline Rey.
De quoi parle-t-il alors, ce nouveau show?
“Une entreprise de la Silicon Valley a fait une grande découverte qui peut changer le cours de l’humanité : la décryogénisation d’une grande star de la musique. Cet événement déclenchera des réactions en chaîne qui chambouleront la vie de personnages plus extravagants les uns que les autres”.
Impossible de ne pas répondre à l'appel de cette intrigue...
“Nous n’avons pas encore fait de filage, c’est-à-dire l’assemblage de toutes les pièces du spectacle” : une semaine de travail intense attend la compagnie avant la première de vendredi, au cours de laquelle les visions bizarres nées d’une séance de brainstorming il y a un an prendront vie pour la première fois devant le public.
Ils peaufineront les décors, les lumières, les sons et les costumes, dans un spectacle que l’on s’attend déjà à voir aussi parfait qu’il l’a été pour Hollywood et les productions des années précédentes.
Le nôtre reste un spectacle vivant”, explique encore le directeur. “Je souhaite que les artistes gardent la flamme de jouer durant toute cette période de représentation, même si nous faisons beaucoup de dates”.
Les Ami.e.s du théâtre Barnabé, ce dimanche après-midi, ont pu voir comment un spectacle est monté et découvrir comment les idées les plus folles et les plus visionnaires sont mises en œuvre.
Il y a même un ingénieur qui travaille en coulisses : “Nous ne lui demandons pas ‘est-ce possible de faire ça ?’ (notamment une réplique de la fontaine du Bellagio qui déversera huit cents litres d’eau par minute sur la scène), mais plutôt “nous voulons faire ça”. Et même si c’est impossible, il trouve toujours un moyen”, déclare Noam Perakis avec admiration.
“Notre spectacle est écologique”, il ajoute après la répétition, tandis que les acteurs et le chorégraphe répondent aux questions du public. “L’eau est récupérée et réutilisée.
Et la voiture d’Elvis…. nous y avons mis un moteur électrique et Céline utilise une télécommande. On a peut-être la plus grosse voiture télécommandée du monde!”
Outre tous les membres de la compagnie, dans l’ambiance feutrée des bavardages au bord de la scène, le directeur du théâtre remercie également les Ami.e.s du Théâtre : grâce à leur soutien, ils ont pu réunir quinze mille francs pour contribuer aux somptueux décors qui sont la marque de fabrique de la compagnie de Broadway.
En fait, la comédie musicale implique de grands effets techniques et beaucoup d’émotions. L’idée c’est de retrouver l’esprit qu’on avait dans les précédents spectacles de la compagnie Broadway”, explique encore Céline Rey. “Nous aurions pu acheter une licence et reproduire un spectacle, comme nous le faisons parfois, mais nous nous sommes dit que
Las Vegas était un thème génial car tout y est: la musique, des stars comme Elvis et Céline Dion (qu’on verra dans le spectacle), Sinatra et même Britney Spears, des gens haut en couleurs qui sont la norme là-bas. Et puis, Noam a eu l’idée de la décryogénisation, car il est fan de technologie: c’est devenue notre thème de base”.
Mais vous, Céline, préférez-vous jouer ou créer ?
“Ce sont deux choses très différentes, mais toutes deux très intéressantes. Ici, au théâtre, il y a tellement de choses à faire, cette création d’hiver est entièrement la nôtre et c’est génial de remettre les pieds sur scène une fois par an avec cette production qui nous emmène jusqu’à la fin de l’année”.
Quel genre de théâtre était le Barnabé avant que vous ne le repreniez en 2018 ?
Avant il y avait des revues, des sketches politiques avec des mises en scène somptueuses ; un genre qui a rendu le Barnabé populaire et qui marchait bien dans les années 80. Mais quand nous l’avons repris, il était dans les tableaux noirs.
Il y a cinq ans, nous avons donc pris la direction de ce théâtre dont la première revue date de 1965 et qui dispose d’énormes moyens techniques, d’une très grande scène. La comédie musicale ne peut pas se faire partout, il faut une scène adaptée, et les productions sont très chères justement à cause des grandes exigences techniques. Et puis il faut du savoir-faire, c’est pourquoi très peu d’établissements en Suisse peuvent réaliser des comédies musicales”.
Avant il y avait des revues, des sketches politiques avec des mises en scène somptueuses ; un genre qui a rendu le Barnabé populaire et qui marchait bien dans les années 80. Mais quand nous l’avons repris, il était dans les tableaux noirs.
Il y a cinq ans, nous avons donc pris la direction de ce théâtre dont la première revue date de 1965 et qui dispose d’énormes moyens techniques, d’une très grande scène. La comédie musicale ne peut pas se faire partout, il faut une scène adaptée, et les productions sont très chères justement à cause des grandes exigences techniques. Et puis il faut du savoir-faire, c’est pourquoi très peu d’établissements en Suisse peuvent réaliser des comédies musicales”.
Avec un engagement et une passion que le public perçoit pleinement, la compagnie Broadway met en scène une humanité curieuse et variée et, peut-être, elle-même.
Le spectacle est une mise en scène musicale où une équipe de bras cassés a des aspirations sans fin et des objectifs apparemment irréalisables.
Mais les spectateurs qui les suivent depuis des années ont compris qu’ils n’ont pas à se demander si cette “équipe de choc”, comme elle se décrit elle-même, sera capable de réaliser tout ce qu’elle entreprendra.
Avant il y avait des revues, des sketches politiques avec des mises en scène somptueuses ; un genre qui a rendu le Barnabé populaire et qui marchait bien dans les années 80. Mais quand nous l’avons repris, il était dans les tableaux noirs.
Il y a cinq ans, nous avons donc pris la direction de ce théâtre dont la première revue date de 1965 et qui dispose d’énormes moyens techniques, d’une très grande scène. La comédie musicale ne peut pas se faire partout, il faut une scène adaptée, et les productions sont très chères justement à cause des grandes exigences techniques. Et puis il faut du savoir-faire, c’est pourquoi très peu d’établissements en Suisse peuvent réaliser des comédies musicales”.
VIVA VEGAS
Il vaut mieux se demander : comment va-t-elle réussir ?
Et la réponse, je vous l’assure après les avoir vus à l’œuvre une fois de plus, sera de la pure magie.