Dargaud

Visite des locaux des éditions Dargaud à Moudon

Laura Frassetto

Auteur

Cette histoire commence par un grand arbre. Une présence solitaire et pensive qui dominait une parcelle de la grande prairie de Moudon, accordant le bruissement de son feuillage au murmure de la Broye.

C’est avec mélancolie et respect que Simon Kummer – DGA de Dargaud Suisse – nous en parle, en nous montrant une photo encadrée, bien en vue à l’entrée de Dargaud Suisse, dans la zone industrielle de Moudon. On a essayé de la laisser en place, mais il a fallu l’enlever.

Le papier est fait à partir d’arbres, et il suffit de mettre le pied dans la porte pour comprendre comment ce principe a orienté les travaux en 2011, suite auxquels Dargaud a déménagé de l’entrepôt qu’il louait au Mont sur Lausanne à celui de 3’000 mètres carrés qu’il a construit à Moudon. Les pièces sont encore parfumées par le bois, qui a été préféré à l’acier comme matériau de construction.

Un entrepôt peut-il être évocateur ? Un entrepôt peut-il déborder de couleurs, d'imagination, d'histoires à raconter ?
Lors de la visite organisée par l'Office du Tourisme de Moudon, le vendredi 3 novembre, en présence de Cécile Alvarez (Responsable Administration & Evénements), qui a proposé un parcours à travers le patrimoine culturel et industriel de notre territoire tout au long de l'année, les participants ont été surpris par cette possibilité.
"Vous pouvez admirer la vue sur la mer", a déclaré M. Kummer lorsque, après nous avoir fait visiter le cœur administratif des bureaux suisses des éditions Dargaud, nous avons pu apercevoir pour la première fois - d'en haut - l'entrepôt situé en contrebas.

Nous sommes ainsi passés du Grand Pré des arbres et du papier à un environnement immersif, à un grand océan où sont stockés en même temps plus d’un demi-million de livres du troisième groupe d’édition français (Média-Participations, dont fait partie Dargaud). La plongée entre les rayonnages et les différents départements a coupé le souffle des visiteurs de tous âges : le visage souriant de Yakari batifolant avec des animaux, les cheveux ébouriffés de Largo Winch, les trench-coats de Blake et Mortimer nous observent depuis les étagères bien rangées.

La bande dessinée en Suisse est extrêmement populaire : la consommation de bandes dessinées par habitant est la deuxième après celle de la Belgique et est supérieure à celle de la France : un distributeur efficace est donc primordial. Pour faire face à la concurrence d’Amazon, il faut une organisation irréprochable.

Nous sommes ainsi passés du Grand Pré des arbres et du papier à un environnement immersif, à un grand océan où sont stockés en même temps plus d’un demi-million de livres du troisième groupe d’édition français (Média-Participations, dont fait partie Dargaud). La plongée entre les rayonnages et les différents départements a coupé le souffle des visiteurs de tous âges : le visage souriant de Yakari batifolant avec des animaux, les cheveux ébouriffés de Largo Winch, les trench-coats de Blake et Mortimer nous observent depuis les étagères bien rangées.

M. Kummer nous a enchantés avec ses histoires et nous a montré des choses que nous ne nous attendions pas à voir : les nouveautés de la semaine sous cellophane, qui arriveront pour la première fois dans les librairies ; le système d’arrosage pour prévenir un incendie, si puissant qu’il a fait baisser la pression de l’eau dans tout le quartier ; le centre administratif mondial de Lucky Luke, qui est géré sur le site de Moudon ; le bois qu’ils ont choisi pour construire les locaux administratifs et l’entrepôt, qui vieillit bien, au moins aussi bien que les chaussettes rouges de Gaston Lagaffe

Passant de la prairie originelle à l'océan (les vagues de livres sont invariablement naviguée par les bateaux vikings de Thorgal, dont les dessins se distinguent par leur intensité), des feuilles qui deviennent des feuilles aux abîmes qui s'ouvrent entre les rayonnages ("Il y a des livres qui se vendent à des dizaines de milliers d'exemplaires et d'autres à trente, c'est ça le marché, c'est ça l'édition"), toutes nos curiosités ont été satisfaites.

De retour sur le parking, j’écoute les bruits de ce quartier industriel de Moudon, silencieux après dix-neuf heures : peut-être que le grand arbre ne frémisse plus, mais dans l’entrepôt sa présence est devenue immortelle.

Un apéritif et un exemplaire de Gaston Lagaffe et un de Lucky Luke pour chaque visiteur nous attendent après la visite.
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